Dominique Dussault: mettre en avant des personnages féminins forts
Jeudi, 17 septembre 2020
À l’occasion de la sortie en salle de Nadia, Butterfly, dernier projet de la compagnie Némésis Films, nous avons rencontré la productrice Dominique Dussault, qui voit dans la sortie du deuxième long métrage de fiction de Pascal Plante l’accomplissement de deux ans de travail. Deux ans très chargés, au cours desquels on aura transformé notre bon vieux Stade olympique en piscine des J.O. de Tokyo (voir notre visite de plateau), on aura été tourné en équipe réduite au Japon, et on aura reçu - en pleine pandémie - une prestigieuse sélection au Festival de Cannes. Retour sur ce projet dont l’idée a germé en 2016.
« Lorsque Pascal m’a approché avec cette histoire, j’ai été immédiatement interpellée puisque j’ai moi-même fait du sport de haut niveau [en équitation, NDLR]. Je me suis reconnue dans les personnages. J’ai aussi un attachement très fort avec les Olympiques et avec l’univers sportif. J’avais déjà produit trois ou quatre des courts métrages de Pascal Plante. J’avais donc très hâte que l’on collabore à nouveau sur un projet de long. C’est en 2017 que l’on a réellement commencé à travailler sur le scénario. Pascal étant quelqu’un qui écrit très vite, le scénario était préparé en moins d’une année. Nous avons été très chanceux pour notre recherche de financement, ce qui a permis de finir Nadia, Butterfly en l’espace de deux ans. »
Au centre du film, des vedettes sportives montrées sous un angle dont on parle peu. Une approche qui a été pour la productrice l’un des attraits du film. « Aux Olympiques, on voit le vernis de ces personnes-là, nous dit-elle. Mais lorsque l’on gratte un peu, on se rend compte que les athlètes sont des humains, avec des failles… Devant nos yeux, à la télé, ils ont l’air parfaits, mais ils ont leurs inquiétudes, leurs défauts, comme tout le monde. C’est ce que montre Nadia, Butterfly, en plus de mettre en avant des personnages féminins très forts, que l’on ne voit pas souvent. En fait, je n’ai pas vu beaucoup de films dans lesquels on parle d’athlètes féminines, en dehors I, Tonya, ou de quelques films sur le patinage artistique ou la gymnastique. Ça m’emballait d’avoir des rôles féminins qui ne sont pas cantonnés à des personnages de la fille de, la blonde de, ou des mères. Le film montre dans le personnage de Nadia, une jeune femme qui s’émancipe pour voler de ses propres ailes. D'ailleurs, le grand public va pouvoir s’attacher à ça, même s'il n'aime pas nécessairement le sport. Il y a plusieurs sphères dans notre vie qui nous permettent cet attachemen à une histoire plus large que ce qui est illustré dans le film. »
Avec un budget limité, les difficultés de production ont été nombreuses. Pourtant, Dominique Dussault ne s’apitoie pas sur son sort et s’emploie à relever les défis en toute connaissance de cause. « C’est ça notre budget, soit!. Que peut-on faire pour maximiser le ‘production value’ et s’assurer de faire le meilleur film possible, peu importe les contraintes budgétaires? Dans ce cas-ci, cela a surtout été de poser les bonnes questions au réalisateur. Ce ne sont pas tant des compromis, mais plutôt des questions de choix. Quelles scènes nécessitent beaucoup de figurants, quelles autres peuvent être faites avec des moyens allégés? Pour Nadia, on a beaucoup travaillé avec la trame sonore, afin de rehausser les effets de foule. Nous avions une prise payante, une ‘money shot’ si l’on veut, dans laquelle on voit la foule au complet. Les spectateurs ont tous été recréés un par un et placés dans les bons sièges… Ce passage a impliqué des semaines de préparation avec notre superviseur des effets spéciaux, Mark Hall. Il a assisté aux repérages et à plusieurs rencontres d’équipe, pour que rien ne soit improvisé. C’était d’autant plus complexe qu’il s’agit d’un plan-séquence, caméra à l’épaule, avec, si ma mémoire est bonne, un léger changement de foyer en plus. On savait donc que le gros du budget en effets visuels allait sur ce plan-là. Cette journée-là, nous étions 111 techniciens, acteurs et figurants sur le plateau! Pour le reste, ce sont des choix esthétiques et créatifs qui ont permis de donner le rendu que l’on voit à l’écran avec le budget dont nous disposions. Il faut juste travailler plus fort, et épurer. C’est un travail d’édition qui doit être fait en amont, parce que ce qui coûte cher, c’est de couper ce qui a déjà été tourné. Pour ce film, je crois qu’il n’y a eu que deux très petites scènes qui ont été éliminées au montage. »
Alors que Nadia, Butterfly prépare sa saison de festivals automnaux, Dominique Dussault est actuellement en préparation de plusieurs projets, dont le long métrage de fiction Filles du Roy, prochain film de Pascal Plante et le documentaire La dignité des êtres chers de Karim Haroun.
> Voir les horaires en salle.