Louise Archambault parle de Il pleuvait des oiseaux
Vendredi, 13 septembre 2019
Pour Il pleuvait des oiseaux, son troisième long métrage de fiction, la cinéaste Louise Archambault s'est basée sur le roman éponyme de Jocelyne Saucier pour dépeindre une tendre histoire d'amour et d'acceptation de l'autre, qui fait écho à la délicatesse de Gabrielle, son précédent film. Rencontrée en point de presse, la cinéaste nous confirme d'emblée avoir été charmée par l'oeuvre originale. « J'ai été envoûtée par l'univers et par les thèmes. Ça m'a habité pendant un moment et je me suis rendu compte qu'il y avait vraiment quelque chose à faire avec ce roman. Quelque chose de très cinématographique, avec ses lieux, ses personnages, et sa façon de parler de l'acceptation de l'Autre. Ça m'interpellait beaucoup. Je trouve qu'à l'heure où l'on est, des histoires comme celle-ci font du bien. Tout n'est pas roses, les personnages ont des côtés sombres, mais au final, il y a beaucoup d'espoir. » Portée par cette envie de tendre la main, la cinéaste a créé une œuvre intimiste, baignée dans une nature exubérante qui est un personnage en soi. « On devient humble devant la richesse et la force de la nature. Voir ces vieux ermites qui tentent de vivre au diapason de ce qui les entoure m'interpellait énormément. Je vois le film comme un retour aux sources, à une simplicité et à une vérité qui s'apparente à la beauté. J'adore aller dans les musées, mais je crois que les premières belles œuvres auxquelles on a accès se trouvent dans la nature. »
Pour son travail d'adaptation, Louise Archambault a travaillé en étroite collaboration avec l'auteure Jocelyne Saucier. « J'ai eu beaucoup de discussions avec Jocelyne, par rapport à ses intentions, entre autre pour définir ce qu'elle avait l'intention de raconter, nous confirme la cinéaste. J'avais envie qu'elle soit fière du film. Donc oui, je pense que je suis restée relativement fidèle. C'est sûr que dans un roman, le temps est plus élastique. On peut s'étaler sur plusieurs saisons en 200 pages. En film, quand on a deux heures pour raconter une histoire, même si l'on créé des ellipses, il faut rester concis d'un point de vue temporel. Être plus créatif aussi. Il y a donc quelques aspects qui ont été modifiés. Par exemple, le personnage de la photographe, incarné par ève Landry, est plus jeune que dans le roman. Il avait moins d'implication émotive dans ses interactions avec le gérant de l'auberge (joué par Éric Robidoux, NDLR). J'ai donc créé une petite histoire entre eux, comme si j'avais envie de parler de l'amour, quelque soit les générations. C'est l'élément déclencheur du récit. Sans lui, l'histoire n'existe pas. Mais là, étant donné que des femmes arrivent dans ce décor et dans la vie de ces ermites cachés dans le bois, tout est bouleversé! »
Outre Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte, Il pleuvait des oiseaux vous permettra de découvrir les talents cachés de chanteur de Rémi Girard. Questionnée au sujet de sa trame musicale, Louise Archambault se dit interpellée par la capacité de la musique à faire ressortir l'émotion de ses personnages. « Dans le roman, le personnage de Tom est décrit comme quelqu'un qui chantait, qui faisait les bars… mais sans plus de détails. Pour le film, je tenais à ce qu'on le voit chanter. J'avais envie de sentir sa sensibilité, son intériorité passer à travers ses chansons. » La rencontre entre le comédien et la cinéaste s'est faite un peu par hasard. Après plusieurs recherches infructueuses, cette dernière a en effet reçu un enregistrement contenant une interprétation de Tom Waits et une chanson de Richard Desjardins qui sont dans le film. « Le p'tit maudit, il chante bien!… Qu'est-ce qu'il chante bien! s'exclame la cinéaste. Je lui ai fait envoyer le scénario le jour même! Le lendemain nous nous rencontrions et sommes tombés d'accord. »
D'un point de vue formel, les inspirations de la cinéaste se sont beaucoup concentrées sur la texture de la foret. Elle a travaillé avec la recherchiste de lieux Patricia Durocher pour en trouver une qui contient beaucoup de conifères, de la mousse, des lacs sombres… « Ça donne une couleur intéressante au film, nous dit-elle. J'ai été inspirée par des films comme Winter's Bone ou Leviathan … j'ai aussi été emballée par les tableaux de Marc Séguin, qui a fait une série de forets. J'avais également en tête les travaux photographiques de Salgado ou Vivian Maier. Sans oublier Raymond Depardon, car je tenais vraiment aller chercher des portraits authentiques et véridiques. »
Le film sort en salle aujourd'hui. Consultez notre section « Tout voir » pour connaître les séances.