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Québec Cinéma

4 questions à Saël Lacroix

Vendredi, 21 octobre 2016

À l'occasion de la sortie en salles du documentaire Sur les traces d'Arthur de Saël Lacroix, noua avons posé quelques questions au scénariste et réalisateur à propos de son film. Pour les horaires de projection, consultez notre section VOIR LES FILMS.

Le personnage que vous décrivez dans votre film est méconnu. Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à son destin ?

Comme je le dis en introduction du film, je suis le fils de Richard Lacroix, ami des premières heures d’André Montpetit. Les deux hommes se sont côtoyés de près, notamment au sein de l'Atelier libre de recherche graphique fondé par mon père au milieu des années 1960. J'ai donc appris tout jeune l’histoire de cet artiste que l’on surnommait « Arthur » et qui, après avoir épaté la galerie, avait mystérieusement disparu. Longtemps habité par ce récit, j’ai décidé en 2010 de partir à la recherche du fugitif et d'en faire un film. Voilà le point de départ du projet qui suscitait d’emblée de nombreuses questions: qui est André Montpetit? Est-il toujours vivant? Si oui, où est-il? Dessine-t-il encore? Pourquoi a-t-il pris cette décision radicale de couper les ponts avec son milieu alors qu’il en suscitait la pleine admiration?

Avez-vous rencontré Arthur ?

La clé de cette énigme se trouve dans le film. J’invite tous vos lecteurs venir la chercher. 😉

Parlez-nous de votre processus de recherches sur le sujet, et sur celui de votre film.

À priori, je connaissais de Montpetit ses affiches et sérigraphies éditées par la Guilde Graphique. Au terme d’innombrables heures passées à la bibliothèque et archives nationales, j’ai retracé toutes ses planches et dessins publiés dans les journaux et magazines de l’époque. À cela s’est ajouté de nouveaux témoignages et la découverte de plusieurs oeuvres originales conservées au fil des ans dans les tiroirs de particuliers. À chaque rencontre, le même constat s’imposait: André avait une sensibilité, un sens de l’observation, un esprit de provocation et un coup de crayon qui avaient profondément marqué les esprits. Ces gens qui l’avaient le mieux connu partageaient tous, 40 ans plus tard, cette même admiration, tout comme ce regret de l’avoir vu choisir l’ombre.

Au-delà de l'hommage que vous lui rendez, que pensez-vous que son parcours peut nous enseigner près de 50 plus tard ?

André Montpetit incarnait l’intégrité au sens où, toute sa vie, il n’a suivi qu’une seule voie: la sienne. Plusieurs demeureront incrédules face à ses choix vraisemblablement déraisonnables, mais au final, il sera resté fidèle à lui-même, jusqu’au bout. Il y a certainement là quelque chose d’admirable. Nous pouvons également tirer enseignement de sa profonde humilité, une posture si rare aujourd’hui. Nous sommes maintenant pris, plus que jamais, dans cette implacable logique de l’auto-promotion. Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. Notre façon de nous présenter nous-même prend dorénavant le pas sur nos réalisations, le discours supplante l’action. Montpetit était à l’antipode de cette tendance dominante et écrasante. Ce qu’il avait à nous offrir, c’était ses dessins, le reste n’avait aucune emprise sur lui. On peut peut-être y voir là, d’ailleurs, un facteur de son effacement progressif.

Sur les traces d’Arthur, dès le 21 octobre, 5 projections-événements à la Cinémathèque québécoise et un vernissage pour l’exposition : André Montpetit - Portrait d’un oublié de la nuit.

Long métrage documentaire écrit et réalisé par Saël Lacroix, 75 minutes, 2015, Québec, Canada. En version originale française - Production : Les films de Gary | Distribution : Les Films du 3 mars

André Montpetit dit « Arthur » est passé comme une étoile filante dans le paysage artistique québécois. Dessinateur hors pair à l’imagination débordante, il enflamme à la fin des années 1960 l’univers de l’affiche et de la bande dessinée avant de disparaître complètement. Si le mythe « Arthur » est bien vivant aujourd’hui, un mystère complet entoure le destin d’André Montpetit, l’homme. Est-il toujours vivant? Dessine-t-il encore? À travers une mosaïque d’œuvres inédites, de séquences animées originales et de témoignages de première main, le cinéaste Saël Lacroix lève le voile sur cette figure emblématique d’une époque, aujourd’hui oubliée de l’histoire.

Avec la participation de Nardo Castillo, Serge Chapleau, Robert Daudelin, Louis Forest, André Gladu, Claude Haeffely, Marc-Antoine Nadeau, Dorothy Todd Hénaut et Richard Lacroix, et les voix de Robin Aubert et Aubert Pallascio.

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