Sorties en salle du 24 août
Vendredi, 24 août 2018
Qu’ont en commun Sashinka et Un printemps d’ailleurs? En dehors de leur date de sortie commune, voici deux premiers longs métrages, présentés au FNC l’an dernier, réalisés par des femmes, issues toutes deux des communautés immigrantes… et qui traitent tous deux de relations familiales complexes.
Dans Un printemps d’ailleurs, la sino-québécoise Xiaodan He relate le parcours initiatique de Li Fang, une jeune montréalaise d’origine chinoise (Wensi Yan) qui retourne dans son pays après une séparation violente avec son conjoint, incarné par Émile Proulx-Cloutier. Le soutien et l’inspiration que lui apporte sa famille et un ancien amant l’aideront à sortir de l’impasse.
Avec Sashinka, Kristina Wagenbauer nous propose les retrouvailles, à un moment fort mal choisi, d’une jeune musicienne de 23 ans et de sa mère russe. La première est en effet à la veille d’un concert crucial pour sa carrière, tandis que la seconde est une femme exubérante et fantasque qui semble faire peu de cas du besoin d’intimité et de concentration de sa fille. Mais derrière cette tornade ambulante se cache une femme fragile qui se révélera peu à peu.
Nous avons rencontré Kristina Wagenbauer, une jeune femme originaire de Russie qui a grandi en Suisse italienne. Arrivée à Montréal en 2010 pour faire le programme réalisation de l’Inis, elle est tombée dans la potion magique du cinéma par le biais du mouvement kino. Par la suite, elle s’est investie dans la production et la réalisation de deux courts métrages: Mila et Ailleurs exactement. Sashinka est son premier long métrage.
Comme pour beaucoup de premiers films, il y a un peu de toi dans Sashinka, non?
J’ai eu l’idée du film il y a plusieurs années, quand ma mère, qui habite en Suisse italienne, est venue me rendre visite à Montréal pour quelques semaines. Ma mère, comme Elena, l’un des deux personnages principaux du film, est une femme très colorée, envahissante et imprévisible. Donc, la relation mère fille… Je suis très différente de ma mère. Quand j’avais 23 ans et que j’ai commencé à faire des films, j’allais dans les festivals, je faisais mes présentations, ma mère était là, et ça me mettait mal à l’aise… Donc Sashinka, c’est un peu inspiré de cet épisode de ma vie. Je voulais vraiment faire de ma mère un personnage de film, c’est vraiment quelqu’un d’extraordinaire, dans tous les sens du terme. Avec ma coscénariste, Marie-Geneviève Simard, on a écrit une histoire totalement fictive autour de ce personnage, parce que rien n’est autobiographique dans le film.
Il y a beaucoup de musique dans ton film, ça aussi c’est quelque chose qui te tenait à coeur?
Oui, j’ai toujours été passionnée de musique. Mon rêve quand j’étais plus jeune c’était de devenir musicienne. Voilà pourquoi dans mes films, la musique revient souvent. Pour Sashinka, c’est Jean-Sébastien Williams qui a signé la trame sonore. Il s’est beaucoup investi de la préproduction à la postproduction. Il a tout fait! Il a composé les chansons et il a coaché Carla [Turcotte, NDLR] qui n’est pas musicienne au départ et qui, même si elle connaissait un peu le piano avant le tournage, a du se pratiquer pendant deux mois tous les jours pour apprendre à chanter. Jean-Sébastien était aussi sur le plateau car toute la musique qui est dans le film est « live ». Ça donne une belle dimension au film je trouve.
Parle-nous un peu du processus de production et de tournage
J’ai eu la chance d’être sélectionnée au programme « Talents en vue » du Fonds des talents de Téléfilm Canada. c’est un programme qui permet aux jeunes de faire leur premier long métrage. Nous avons été recommandé par l’Inis. D’ailleurs la productrice Nelly Carrier en est aussi à son premier film. C’est génial parce que ça nous donne l’opportunité de faire nos preuves. Alors, oui, avec 250 000 dollars, on est obligé de faire beaucoup avec peu. On a investi énormément de temps. Beaucoup de gens se sont investis avec une rémunération symbolique. D’ailleurs, grâce à l’expérience de Sashinka, plusieurs artisans et techniciens qui ont participé au film, ont pu continuer leur carrière. Certains sont même à Toronto cette année avec leurs propres courts. C’était un bon baptême du feu pour nous.
Nous avions 21 jours de tournage. Mais pour avoir une bonne chimie entre les comédiens et des performances authentiques comme je les aime, nous avons fait beaucoup de répétitions. Au total, près de quatre mois à temps partiel. Natalia Dontcheva [actrice française d’origine bulgare qui incarne Elena, la mère de Sasha, NDLR] est venue ici pendant plusieurs semaines. Je faisais répéter des scènes du film, ou même improviser des scènes qui n’étaient pas dans le film. On a réussi à pousser le scénario plus loin. Avec Marie-Genevière, on écoutait ce que j’avais enregistré et on apportait des modifications. On a l’a grandement amélioré, puisque l’on avait eu juste six mois pour l’écrire. Ça nous a permis de rentrer plus en profondeur dans les personnages et dans l’histoire.
Entrevue réalisée à Montréal, le 20 août 2018.
Des festivals à venir au Canada et aux États-Unis devraient être annoncés dans les semaines à venir. On suivra donc avec attention la suite de la carrière de Kristina Wagenbauer et de son film Sashinka, qui sort aujourd’hui le 24 août à Montréal et à Québec.
Bon cinéma!
[Image d'en-tête: Wensi Yan dans Un printemps d'ailleurs de Xiaodan He]