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Pierre Falardeau: 10 ans déjà

Mercredi, 25 septembre 2019

Le 25 septembre 2009, à l’âge de 62 ans, le cinéaste Pierre Falardeau rendait l’âme à l'Hôpital Notre-Dame, suite à un cancer du rein. Pour souligner le dixième anniversaire de sa disparition, plusieurs événements organisés ces jours-ci soulignent la richesse et l’importance d’une œuvre marquante, encore très présente à l’esprit. Retour sur les temps forts de la carrière d"un cinéaste hors norme.

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C’est par le biais du documentaire que Pierre Falardeau se lance dans le cinéma au début des années 70, après avoir suivi des études universitaires en anthropologie et en ethnologie à l’Université de Montréal. Avec son ami Julien Poulin, il réalise plusieurs vidéos engagées, telles une vision des joutes politiques au Québec à travers le prisme de la lutte professionnelle dans Continuons le combat (1971), une illustration satirique de l’art canadien exposé à Paris dans Les Canadiens sont là (1973), un regard sur le quotidien de l'institut de Police de Nicolet dans Le Magra (1976), ou encore les témoignages de paysans algériens dans À force de courage (1977).

Après ces courts métrages politiquement engagés, Falardeau signe un premier grand coup dans sa carrière avec Pea Soup (1978), son premier long métrage, coréalisé avec Poulin. Dans critique éclatée de la société québécoise et des inégalités sociales qui perdurent, le petit gars potelé et son seau de poulet frit marque les mémoires. Après Speak White, un court métrage réalisé l’année du référendum de 1980 à partir du célèbre poème de Michèle Lalonde, les inséparables Falardeau et Poulin entament les aventures de Elvis Gratton. En réponse à la victoire du NON, ils dessinent un portrait au vitriol de leur concitoyen québécois. Bob Gratton, est un garagiste de banlieue illettré, fan d’Elvis et de clinquant qui n’envisage son salut qu’au sein d’une confédération canadienne forte et unie. Symbole d’un peuple assimilé et « anglophonisé », ce personnage extrémiste et vulgaire marque d’emblée les esprits. Primés en France et lors de la cérémonie des Génie en 1983, Falardeau et Poulin enfoncent le clou en signant deux autres courts le mettant en scène. Les trois films sont rassemblés dans Elvis Gratton : le King des King, sorti en 1985. Devenue l’une des oeuvres cultes du cinéma québécois, cette comédie virulente et extrémiste jouit d’une réputation sans faille et continue d’être régulièrement diffusée à la télévision, en plus de bien marcher en location sur demande.

En 1989, avec l'aide de son ami, l’ex-felquiste Francis Simard, Falardeau tourne Le Party, son premier long métrage réalisé en solo. Il y dépeint l’enfer du milieu carcéral, exacerbé par la tenue d’un spectacle cru et libérateur présenté aux 300 prisonniers présents. Le film sort au début de 1990 après avoir fait l’ouverture des 8es Rendez-vous du cinéma québécois. Falardeau sort successivement deux films tout aussi marquants: Le Steak (1992, réalisé avec Manon Leriche) qui illustre la vie d’un boxeur déchu et Le temps des bouffons (1993), pamphlet sur l’establishment montréalais tourné en 1985 durant un banquet tenu à l'hôtel Reine Elizabeth célébrant le 200e anniversaire de la fondation du Beaver Club.

L’année suivante, Pierre Falardeau signe Octobre, un film ambitieux né après une gestation hautement complexe qui revient sur les événements d’Octobre 1970. Le livre Pour en finir avec Octobre de Francis Simard, qui a collaboré au scénario, sert de base à ce huis clos prenant résolument parti pour les ravisseurs du ministre Laporte. Bien que controversé, le film remportera le prix L.-E. Ouimet-Molson, décerné par la critique québécoise, en plus de se mériter le Prix Guy L’Écuyer aux Rendez-vous du cinéma québécois 1995, le Prix du public à Blois ainsi que le Prix du public à Rennes en France

Empêtré dans les difficultés liées à la production d’un projet sur les Patriotes, intitulé 15 février 1839, Falardeau cède à la demande générale et fait revivre son très populaire Gratton, toujours incarné par Julien Poulin, dans Elvis Gratton : Miracle à Memphis (1999). Fort des recettes en salle - générées par une assistance de 600 000 spectateurs! - et un succès immédiat en vidéo, le cinéaste parvient à boucler le budget de son drame historique relatant les derniers jours du Chevalier de Lorimier. Sorti en 2001, 15 février 1839 remporte quatre prix Jutra, dont un remis à Luc Picard pour son interprétation. Malgré quelques idées de projets (« La job » et « Le jardinier des Molson »), Falardeau ne réalisera plus rien après avoir vidé sa colère dans le troisième volet des aventures de son héros vulgaire (Elvis Gratton XXX : la vengeance d'Elvis Wong) sorti en 2004. Le film est honni de la critique et n’obtient qu’un accueil mitigé du public.

En juin 2009, c’est un Pierre Falardeau diminué qui reçoit des mains de Bernard Landry le Prix Pierre-Bourgault, remis par le Mouvement souverainiste du Québec à une personnalité qui s'est particulièrement illustrée dans la défense de la cause du peuple québécois. Le 25 septembre 2009, le cinéaste décède à l’âge de 62 ans. Sa dépouille est placée en chapelle ardente dans le choeur de l’église Saint-Pierre-Apôtre. Quelques jours plus tard, plus d’un millier de personnes assistent à ses funérailles, à l’église Saint-Jean-Baptiste. Pierre Falardeau est enterré au cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

 

Les photos ci-dessous ont été prises en février 2004 lors d'un 5@7 "Cinéastes en colère", organisé dans le cadre des 22es RVQC. (crédit: Québec Cinéma)

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