Les visages de l'automne
Mercredi, 30 septembre 2015
Cet automne, le cinéma québécois nous en fera voir de toutes les couleurs. Dans les semaines qui viennent, sur les réseaux sociaux et dans les médias, nos films utiliseront pour leur promotion les visages de leurs vedettes. L'expression « tête d'affiche » prendre ainsi tout son sens. Petit tour d’horizon des comédiens et comédiennes immortalisés pour l’occasion.
Il est rigolo Irdens. Il rayonne sur l’affiche du film Guibord s’en va-t-en guerre sur laquelle on le voit assis fièrement devant le placard électoral du député Guibord, comme on pose pour un tableau de chasse officiel. Des raisons d'être fiers, il en a Irdens, d'abord parce qu'il est la belle découverte du film de Philippe Falardeau, mais aussi parce que c'est bien lui qui, avec bonne humeur et diplomatie, parvient à sortir du pétrin son député-mentor (Patrick Huard), noyé par les tentatives de rattrapage politique fédérales, un ménage tiraillé et des routes bloquées. On ira dès vendredi suivre les aventures du politicien et de son souriant adjoint.
Monica Bellucci est adossée au mur, l’air sombre. Comme son personnage de mère tourmentée dans Ville-Marie, le second long métrage de Guy Édoin. Le noir de sa robe appelle le deuil, tandis que le tristounet gris pâle du mur nous renvoie l’image d’un lieu amorphe. Que lui est-il arrivé ? La croix rouge reliant les mots blancs Ville et Marie fait écho au milieu hospitalier. On découvrira ses malheurs le 9 octobre prochain.
Sur fond rouge, Anna Mouglalis comédienne française, prend toute la place disponible (photo ci-dessus). Elle est la Anna de Charles-Olivier Michaud dans le film du même nom qui sortira en salles le 23 octobre. Le drame vécu par cette photojournaliste soumise par les triades à subir d’horribles traitements est palpable, renforcé qu'il est par le rouge claquant de cette superbe affiche. Une couleur qui n'est certainement pas étrangère à l’atmosphère de tension qui règne ici.
Tout aussi inquiétante est l’affiche du premier long métrage de Philippe Lesage, Les démons. Cette création de Mette Carla Albrechtsen évoque les films fantastiques ou d’horreur des années 80, qui mettaient souvent en avant des enfants aux pouvoirs maléfiques. On y voit un visage d'enfant aux teintes bleutées, les yeux bordés de rouge qui se découpe sur un fond rigoureusement noir. Le titre du film, rouge lui aussi, est entouré d’un halo, soulignant ainsi l’aspect mystérieux des rêves de ce jeune garçon que nous pourrons voir au grand écran dès le 30 octobre.
Deux films font exceptions à la règle – il en fallait – puisqu'ils n'utilisent pas les visages de leurs interprètes.
Les couleurs éclatantes des boubous africains ne sont certainement pas étrangères à l'inspiration de l'artiste sénégalaise Anna Binta Diallo pour l'affiche du film Le cœur de Madame Sabali. L'affiche rappelle le costume des baigneuses que l'on voit dans le film, tandis que le vert de l'eau nous invite au voyage. Le réalisateur et auteur Ryan McKenna a imaginé une histoire surréaliste dans laquelle une québécoise pure laine (Marie Brassard) reçoit un cœur provenant d'une donneuse d'origine malienne. Sa vie en sera à jamais changée. Sortie le 6 novembre.
Le distributeur de Le garagiste écrit et réalisé par Renée Beaulieu a quant à lui choisi de mettre avant le dos de l’interprète principal Normand d’Amour. On le voit assis sur un tronc d'arbre mort au bord du fleuve, dans une posture contemplative, presque prostré. Car dans ce drame de l'attente, qui parle lui aussi de transplantation d'organes, plusieurs questions déchirantes feront surface. Mais malgré les nuages lourds, un soleil timide parvient à percer. Une indication sur l'issue probable de la maladie? On vérifiera tout ça le 6 novembre.
Enfin, terminons notre tour d'horizon avec Les êtres chers d'Anne Émond dont l'affiche arbore le visage du comédien principal (Maxim Gaudette) de profil sur fond beige rosé, avec en exergue, sa fille (Karelle Tremblay). Les rêves et l'introspection sont visibles dans le visage de Gaudette, les yeux fermés, un soleil lui traversant la tête, tandis que le sourire de Karelle nous permet de croire à des jours meilleurs. Une affiche qui vous rappelle sans doute celle du film Ennemy de Denis Villeneuve qui utilisait un montage visuel similaire. Le film sort en salles le 20 novembre.
Bon cinéma automnal rempli de jolies couleurs!