Découvrir l’amour à 70 ans
Vendredi, 14 septembre 2018
Le long métrage québécois L’amour à la plage, premier long métrage documentaire réalisé par Judith Plamondon et Lessandro Sócrates est projeté ce soir au Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ). Distribué par EyeSteelFilm, L’amour à la plage prend également l’affiche à Montréal au Cinéma Beaubien et à la Cinémathèque québécoise. Le public de Québec pourra le voir la semaine au Cinéma Le Clap. Plusieurs séances auront lieu en présence d’invités pour des discussions avec le public après les projections.
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L’amour à la plage offre un portrait intimiste de quatre hommes et femmes de 70 ans qui vivent des débuts amoureux. Ces snowbirds québécois migrent chaque hiver pour la Floride en quête de soleil, de chaleur et de compagnie. Derrière leur quête d’amour se cache un désir de profiter de cette deuxième – et ultime – jeunesse qui vient avec la retraite. L’amour à la plage témoigne de leurs tribulations conjugales et autres désillusions, mais surtout, de leur grand besoin d’amour. Car ces vieux amoureux caressent tous l’espoir d’avoir quelqu’un avec qui faire le reste du chemin.
Entretien avec les réalisateurs
Tout d’abord, pouvez-vous m’expliquer ce qui vous a amené à choisir ce sujet?
Judith Plamondon (JP): Je suis une enfant de snowbirds. J’ai souvent accompagné mes parents là-bas durant l’hiver et au retour d’un de mes voyages, j’ai fait part à Lessandro – que je connaissais depuis l’Inis – de mes impressions sur ce microcosme là. C’est un univers très cinématographique. Je trouvais fascinant ces gens qui restent en communauté, un peu à l’écart du monde. En en discutant, on s’est mis d’accord sur le fait qu’il fallait aller plus loin que cette belle toile de fond. On souhaitait approfondir le sujet, dans un désir de trouver une avenue plus universelle, qui rejoindrait plus de gens. Et c’est pourquoi on s’est mis d’accord sur la vie amoureuse des snowbirds. Trouver l’amour à 70 ans, ça prend une place prioritaire.
Qu’est ce qui vous a attiré dans ses personnages?
Lessandro Sócrates (LS): derrière les portraits, il y a cette idée qu’en vivant six mois à l’étranger, on a l’impression que les snowbirds sont des adolescents qui sont toujours en vacances. Comment composent-ils avec la distance? Comment vivent-ils lorsqu’ils sont réunis, alors qu’au Québec, ils restent séparés?... Dans cette communauté qui est assez petite, c’est facile de rencontrer quelqu’un, ça devient leur préoccupation.
Et votre casting?
JP: On a rencontré beaucoup de personnes. D’abord ici au Québec, en mettant des annonces dans des groupes Facebook. On a eu énormément de réponses. C’est incroyable! On s’est promené en région. En Outaouais, en Beauce, on est allé chez eux pour les rencontrer à leur domicile. Ensuite, on a choisi des gens avec qui on avait une connexion plus naturelle. En leur parlant, le sujet s’est précisé, on sentait que leur vie amoureuse était primordiale. Au début, on a choisi que des gens qui étaient seuls. Puis, entre la recherche et le tournage, ils se sont tous « matché » (rires).
Je suppose que ça n’a pas dû être facile pour eux de se confier
LS: En général, ça a été assez bien, sauf pour l’un des protagonistes qui n’avait vraiment pas l’habitude de se livrer et de parler aux gens des ses problèmes sentimentaux. On lui a fait comprendre que c’était un film intimiste, loin de l’image dorée des snowbirds. En cours de tournage il a compris notre démarche. On lui a montré récemment le film et il est enchanté!
JP: Oui, ça a demandé de bâtir un vrai lien de confiance. Se livrer en toute honnêteté de cette manière, ça lui a permis aussi de faire un bilan de vie très personnel. Il est assez fier d’ailleurs d’avoir été jusqu’au bout de la démarche.
Parlez-moi un peu de votre processus d’écriture
JP: On a fait beaucoup de recherche là-bas avant de tourner. Quand on était en Floride, on avait une très bonne idée de ce que nous voulions montrer. On suivait nos personnages dans leurs activités quotidiennes, pour voir de la façon avec laquelle ils organisaient leurs journées. On a aussi construit plusieurs scènes à partir de ce que l’on voulait imager, notamment l'attente.
Venons-en à la réalisation, comment vous êtes-vous séparé les tâches pour faire ce film en duo?
LS: C’est ça le plus marrant! On n’a pas séparé les tâches (rires). On a écrit ensemble, on a repéré ensemble et on tournait ensemble! Même dans la salle de montage nous étions tous les deux à côté de notre monteuse Natalie Lamoureux. C’était un processus démocratique. Lors des prises de vues, on argumentait beaucoup. Mais ça nous a amené à réfléchir en profondeur sur notre démarche.
JP: On dit à la blague que nous étions d’accord sur 98% du film, mais qu’on s’obstinait longtemps sur les 2% qui restent... Ça a très bien été. On avait envie de dire la même chose avec la même vision. On a aussi des personnalités différentes qui se complètent bien. On le voit à l’écran: l’intimité et la proximité se mêlent à la distanciation et la pudeur.
Entrevue réalisée à Montréal, le lundi 10 septembre 2018.
L’amour à la plage sort en salle aujourd’hui en salle à Montréal et le 21 septembre à Québec.